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Basics: la méthode magique pour apprendre à ralentir et écouter nos besoins

Hein Zegers est psychologue et conseiller en bien-être. Il a mené des recherches sur la simplicité volontaire.      

« Toute ma vie, j’ai étudié ce qui rend les gens heureux. J’ai été frappé de voir que de nombreuses personnes savent ce dont elles ont besoin pour l’être, mais que leur agenda est tellement rempli qu’elles n’en ont pas le temps. Ce qui m’a également interpelé, c’est que les gens disent souvent qu’ils n’ont pas besoin de grand-chose pour être heureux. D’où la question suivante : pouvons-nous devenir plus heureux en faisant une croix sur certaines choses, en se contentant de moins ?

J’ai interviewé quatre cents personnes qui ont franchi le pas de la simplification volontaire et je leur ai demandé comment elles s’y étaient prises. Il s’est avéré qu’elles avaient toutes suivi plus ou moins les mêmes étapes. Je les ai réunies dans un plan en six stades — BASICS — que tout le monde peut mettre en œuvre » (voir plus bas).

Pourquoi les gens décident-ils de décélérer ?

« Il y a différentes raisons, mais ils ont en commun d’avoir senti, à un moment ou à un autre, que c’était “maintenant ou jamais”. Ce sentiment apparaît souvent à la suite d’un décès dans l’entourage, mais cela peut aussi être moins dramatique. Je pense à cet homme qui m’a raconté avoir quitté son bureau après une longue journée de boulot. Il faisait déjà nuit, et il a constaté que tout était recouvert d’un magnifique tapis blanc de neige. Il n’avait même pas remarqué qu’il neigeait. C’est là qu’il a fait tilt : ce n’était pas une vie pour lui. Les trentenaires sont ceux dont j’entends le plus souvent dire qu’ils souhaitent vivre plus simplement. Ce n’est pas surprenant : à cet âge, on a souvent des enfants en bas âge, on est pleinement engagé dans sa carrière et les parents commencent peut-être à avoir besoin de plus de soins. Ce sont donc surtout eux qui ont profit à tirer d’une prise de recul. »

Est-ce qu’on peut aussi ralentir quand on a moins de moyens ?

« Absolument. C’est la beauté des étapes BASICS : vous pouvez les adapter à votre situation. Vous n’êtes pas obligé de quitter votre emploi tout de suite, vous pouvez commencer par de petits pas. Vendre sa télé et lire plus, par exemple. Mon conseil est de chercher la compagnie de personnes partageant les mêmes idées. Il existe de plus en plus d’organisations (par exemple Les Amis de la Terre, NDLR) qui les fédèrent. Toutes ont leur propre approche mais partagent les mêmes valeurs. Vous pouvez y trouver de nombreux conseils, même si votre situation n’est pas évidente. »

Y a-t-il des inconvénients à une vie plus simple ?

« Oui. Débrancher sa chaudière et tout miser sur le feu crépitant du bois qu’on a ramassé soi-même semble idyllique, mais c’est un sacré travail de trouver ces bûches, de les ramener chez soi et de les garder au sec, d’entretenir le feu même la nuit. Idem pour la culture de ses propres légumes. Un autre inconvénient : on peut parfois se sentir bien seul. Notre société a plutôt tendance à voir le succès dans une villa quatre façades et une belle voiture garée dans l’allée. Elle peut donc dénigrer la petite maison, la vie en colocation ou le vélo qui remplace le bolide. Voilà encore une autre raison de rechercher des personnes partageant les mêmes idées : côtoyer ceux qui ont déjà réussi à bannir de leur vie les encombrements et la pression excessive est un vrai facteur de mieux-être. »

Back to basics: une méthode simple et efficace

B – Back

« Prenez du recul et regardez votre vie d’en haut. Est-ce l’existence que vous voulez mener ? Vous rend-elle heureux ? »

A – Attention

« Accordez de l’attention aux petites choses. Prenez le temps de vous promener et d’observer cet oiseau dans l’arbre, cette branche qui craque sous votre pas. Prêtez aussi attention à ce qui se passe en vous. Que ressentez-vous ? Quelles pensées vous traversent l’esprit ? Peut-être commencerez-vous à vous rendre compte que vous travaillez si dur pour… éviter un certain sentiment ? N’est-ce pas surtout pour l’effet “coup de fouet” que vous achetez tellement de choses ? Ou peut-être êtes-vous enchaîné à quelque chose ? Je le remarque parfois chez les doctorants : ils étaient les meilleurs de leur promo, ont eu la chance de faire un doctorat et l’ont fait. Mais veulent-ils réellement de cette carrière ? Souvent, ils n’y ont même pas pensé. »

S – Select

« À cette étape, vous avez pris conscience de vos valeurs. Vous pouvez maintenant choisir : qu’est-ce qui est important pour vous dans la vie ? Chuck Palahniuk a écrit dans Fight Club : “Nous achetons des choses dont nous n’avons pas besoin avec de l’argent que nous n’avons pas pour impressionner des gens que nous n’aimons pas”. Tout est dit. »

I – Invest

« Joignez l’acte à la parole et investissez dans les choses qui ont de la valeur pour vous. Il peut s’agir d’un rôle (celui de mère, de partenaire, de sœur, d’ami…), d’un trajet que vous voulez suivre (comme aller à l’université), d’objectifs (je veux lire plus, donc je me débarrasse de ma télé)… »

C – Cut

« Coupez ce qui ne contribue pas à une vie pleine de sens. Cela va de la vente de la télé, de la voiture ou de la maison à l’élimination des amitiés toxiques. Pour de nombreuses personnes, après les étapes précédentes, ce qu’il faut dégager apparaît clairement. »

S – Sense

« Tous ceux qui ont suivi les étapes précédentes décrivent leur nouvelle vie comme “pleine de sens”. Ils remarquent que de nouvelles opportunités se présentent à eux. Cela peut sembler bizarre, mais c’est scientifiquement fondé : grâce aux étapes BASICS, vous avez entraîné votre cerveau de manière à ce qu’il commence à distinguer les opportunités. Les portes qui ne semblent s’ouvrir que maintenant étaient déjà là, mais vous ne les aviez pas remarquées. »

Au top de sa forme

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