Le jeûne intermittent est-il adapté à tout le monde?
De plus en plus de Belges se lancent dans le jeûne intermittent. Mais ce régime est-il adapté à tout le monde? L’avis de 2 expertes en nutrition.
Le jeûne intermittent repose sur l’alternance de périodes de prise alimentaire et de jeûne. Il existe différentes méthodes, dont la plus connue est le modèle 16/8, où l’on jeûne pendant 16 heures et mange durant les 8 heures restantes. Si le jeûne intermittent est utilisé de façon adéquate, il peut présenter de nombreux bienfaits pour le corps. Très tendance et de plus en plus suivi par les Belges, le jeûne intermittent ne doit cependant pas être pris à la légère. Est-il adapté à tout le monde? Peut-on jeûner pendant sa grossesse? Anaïs Lecocq, diététicienne et Delphine Blondel, licenciée en santé publique et psychonutritionniste répondent à nos questions.
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Peut-on pratiquer le jeûne intermittent à tout âge ?
Delphine Blondel : « Le jeûne intermittent, ce n’est pas un régime, mais un outil. Il y a des gens qui, même très jeunes, spontanément, fonctionnent en jeûne intermittent sans le savoir. Maintenant, on ne va pas le conseiller à un enfant ou un adolescent en pleine croissance. Cependant, si le jeune le pratique d’instinct, on va essayer d’optimiser ce qu’il fait. Souvent, les enfants sont dans le bon et ce sont les parents qui par peur vont sortir et dégainer les tartines de Nutella ou le Nesquik pour que l’enfant mange absolument avant de partir à l’école, ce qui va être pire que mieux. »
Anais Lecocq: « Je ne suis pas contre le jeûne intermittent, le problème, c’est que je trouve que souvent les patients ne le pratiquent pas bien. Normalement, pour faire un vrai jeûne intermittent et que celui-ci ne soit pas trop préjudiciable pour notre santé (énergie, hormone, sommeil,…) il faut, dans ma conception, avoir une idée des besoins caloriques de notre corps et répartir ces calories sur une certaine fenêtre de temps.
Mais, malheureusement, quand les gens font du jeûne intermittent d’eux-mêmes, souvent, ils ne font que supprimer un repas. Ils ne se préoccupent pas de savoir si oui ou non, leurs besoins en calories, en vitamines et en minéraux seront couverts par le reste de leur apport de la journée.
Anais Lecocq
Mais, malheureusement, quand les gens font du jeûne intermittent d’eux-mêmes, souvent, ils ne font que supprimer un repas. Ils ne se préoccupent pas de savoir si oui ou non, leurs besoins en calories, en vitamines et en minéraux seront couverts par le reste de leur apport de la journée. Donc, je trouve que dans la manière de voir les choses actuellement, le jeûne intermittent, c’est parfois, chez certain patient, une nouvelle manière de dire « Je ne déjeune pas. » Dans mon approche, un déjeuner est source de bonnes protéines et de glucides de qualité. Il est indispensable que ce soit pour éviter les fringales, les compulsions sucrées, favoriser la concentration,...
Pratiquer le jeûne intermittent quand on est trop jeune ou que l’ont est pas correctement encadré par un professionnel de santé, cela ne me semble pas être une bonne idée. Pour les adultes, ça dépend le contexte. Vu le type de patient que je reçois ( rééquilibrage alimentaire, hypothyroïdie, burn-out, compulsions alimentaires,…), j’ai décidé de ne pas le pratiquer car il ne me semble pas du tout pertinent ni adéquat pour le type de problème rencontré par mes patients. »
Pendant les règles, cela peut-il avoir un impact ?
Delphine Blondel : « C’est un moment qui émotionnellement est déjà compliqué, démarrer ou juste pratiquer le jeûne intermittent pendant les règles physiologiquement ça pourrait être très bien, mais émotionnellement, cela va être compliqué. »
Anais Lecocq : » Moi, je ne le ferais pas, car quand on est réglée, on est relativement épuisée. C’est un phénomène qui est assez stressant pour notre corps et donc, je ne rajouterais pas un stress en plus. Mais attention, si maintenant, il est pratiqué en connaissant ses besoins et en mettant ces fameux besoins sur une certaine fenêtre de temps, ça peut ne pas être mauvais. »
Peut-on pratiquer le jeûne intermittent pendant une grossesse ?
« Non, ça on va vraiment déconseiller. C’est une contre-indication. »
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