Le jeûne intermittent permet-il de perdre du poids?
Beaucoup de Belges se tournent vers le jeûne intermittent en vue de perdre du poids. Bonne ou mauvaise idée? L’avis de 2 expertes en nutrition.
Présenté comme le nouveau régime alimentaire à la mode, le jeûne intermittent séduit de plus en plus de Belges. S’il a un effet bénéfique sur la sensibilité à l’insuline ou l’auto-nettoyage des cellules, nombreux sont les adeptes qui le pratiquent afin de perdre du poids. Mais a-t-il vraiment un impact sur notre ligne? Peut-il être considéré comme une bonne solution en vue de perdre du poids? Ce mois-ci, Anaïs Lecocq, diététicienne et Delphine Blondel, licenciée en santé publique et psychonutritionniste répondent à toutes nos questions sur le jeûne intermittent. Premier chapitre: le lien éventuel entre jeûne intermittent et perte de poids.
Le jeûne intermittent, une solution pour perdre du poids ?
Delphine Blondel : « Ça peut l’être, mais il ne faut pas que ce soit la première intention, sinon la personne n’a rien compris. Si on fait ça pour perdre du poids, il est possible que le format 16-8 (16 heures de jeûne, 8 heures de prises alimentaires, NDLR) ne fonctionne pas parce que la personne, durant ces 8 heures, va manger trop de sucres, trop de glucides et n’ira jamais puiser dans ses réserves. Le principe, si le jeûne intermittent amène à une perte de poids, c’est que ça pousse le corps à aller piocher dans ses réserves de graisses. Si la personne mange trop pendant ces 8h, elle n’ira pas puiser dans ses réserves de graisses. »
Anaïs Lecocq: « Pour moi, ce n’est pas la solution miracle pour perdre du poids. Actuellement, beaucoup de femmes font du jeûne intermittent et ne perdent pas de poids pour autant. Elles mangent trop peu et tombent dans des régimes bien trop hypocaloriques, ce qui dérègle leurs hormones, leur fonction thyroïdienne, leur neurotransmetteurs,… Quelques semaines ou mois plus tard, cela peut les amener à des grignotages intempestifs ou à des pulsions sucrées et/ou salées à divers moment de la journée. Elles annulent alors complètement le déficit calorique qu’elles ont souhaité créer avec le jeûne intermittent. Et qui dit pas de déficit calorique (correctement calibré) dit pas de perte de poids. L’effet du jeûne intermittent peut alors être nul ou pire, nous amener à l’effet inverse de ce qui était recherché : une prise de poids. »
Quels sont les bienfaits ?
Delphine Blondel : L’autophagie, c’est-à-dire l’auto-nettoyage des cellules du corps, c’est quelque chose de génial. Moi, je l’utilise beaucoup chez un profil de patient que je retrouve en consultation, ce sont les patientes résistantes à l’insuline. Quand on est résistante à l’insuline, c’est vraiment une solution qui donne vraiment de bons résultats. Ça diminue aussi l’inflammation. Cela peut permettre aux gens de se reconnecter à leur vraie sensation de faim parce que beaucoup de gens ne ressentent plus une sensation de faim physique. Ils sont plus dans la faim émotionnelle. Ça nous reconnecte à nos vraies sensations de faim, de rassasiement, etc. »
« On mange tellement qu’ils sont tout le temps en train de travailler et quand on est en jeûne, on va favoriser ce nettoyage. C’est un cycle de contraction de l’intestin qui va dynamiser le nettoyage, éliminer les résidus, les bactéries nocives, etc. »
Delphine Blondel
L’experte poursuit: « Une autre chose que les gens ne savent pas toujours – et même les médecins ne sont pas toujours au courant -, le jeûne favorise ce qu’on appelle le complexe moteur migrant, pour faire simple, c’est aussi un autonettoyage de nos intestins qui sont tout le temps remplis. On mange tellement qu’ils sont tout le temps en train de travailler et quand on est en jeûne, on va favoriser ce nettoyage. C’est un cycle de contraction de l’intestin qui va dynamiser le nettoyage, éliminer les résidus, les bactéries nocives, etc. Sachant que l’intestin est un lieu où l’on va sécréter des neurotransmetteurs, c’est le lieu de notre immunité et cela va donc renforcer notre immunité. Quand on débute le jeûne intermittent, on peut avoir une augmentation de la concentration. La concentration, c’est un problème très fréquent chez l’être humain. Le jeûne intermittent stimule la production de BDNF, une protéine qui soutient la survie des neurones existants et encourage la croissance de nouveaux neurones et synapses dans l’hippocampe, améliorant potentiellement les fonctions cognitives telles que l’apprentissage et la mémoire. »
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