Libido: 9 pistes d’une sexologue pour faire (re)monter le désir #1
Le propre du désir, c’est qu’il ne se commande pas. Au mieux, on peut créer les conditions idéales pour qu’il survienne. Et dans le domaine, aucune recette universelle ne fonctionne à tous les coups. Alexandra Hubin, sexologue: «À certains moments, on peut ressentir un désir que j’appelle “tripal”, cette chaleur, ces papillons dans le ventre qui viennent de l’intérieur, sans crier gare, qui peuvent survenir alors qu’on fait la vaisselle. Le reste du temps, le désir vient plutôt en réaction à un stimulus extérieur, un contexte propice, quelque chose que l’on voit, que l’on sent, que l’on entend. Pour activer leur libido, en savourer tout le potentiel, les femmes ont intérêt à explorer leur “moi sexuel” singulier.» La sexologue américaine Emily Nagoski invite les femmes à considérer leur libido comme un véhicule doté de deux pédales: d’un côté celle d’accélération (ce qui fait monter le désir) et de l’autre le frein (ce qui bloque l’envie). À chacune d’observer les mécanismes très personnels de ces deux leviers car ces infimes subtilités constituent le socle de leur sexualité. L’étape suivante consistera à appuyer sur la bonne pédale, «et surtout à cesser d’enfoncer le frein!» Dans son déculpabilisant Come as you Are: The Surprising New Science that Will Transform Your Sex Life (éd. Simon Schuster, 2015), l’Américaine liste des points très concrets permettant d’identifier et de nourrir ces besoins. Comme, prosaïquement, le port de chaussettes pour les frileuses, car il semblerait qu’avoir les pieds froids contribuerait à retarder l’orgasme! 9 autres voies vers le plaisir, qui marchent pour certaines, et peut-être aussi pour d’autres, mais pas forcément. Découvrez ici les 3 premières!
Une subtilité de langage
Lorsqu’on souffre d’une baisse de désir et qu’on rêve de le retrouver, Alexandra Hubin recommande de ne jamais dire: «Je n’ai pas envie.» «Cela ferme des portes, poursuit-elle. On a toujours envie de quelque chose. Si ce n’est pas de faire l’amour, cela peut être de parler, d’un moment complice, de rire, de se masser... D’un désir à l’autre, on pourrait éventuellement dériver vers un désir sensuel, puis plus génital. Ou pas! L’idée — pour éviter de tomber dans l’injonction bloquante “Je dois avoir envie” —, c’est de se demander: “De quoi ai-je envie avec lui maintenant?”»
Une sortie
Pour passer un moment fructueux à deux et nourrir l’intimité, il est conseillé aux couples de sortir de chez eux. «À la maison, notre regard finit souvent par s’arrêter sur une machine de linge à vider, sur un ordinateur qui nous rappelle un mail à envoyer... constate Alexandra Hubin. Offrez-vous plutôt une activité en dehors du quotidien. Et de préférence pas au restaurant, car on a tendance à y aborder les problèmes. En plus, la table ne favorise pas le rapprochement des corps. Je conseille plutôt de faire le touriste dans sa propre ville, de se balader dans les bois, d’aller voir une expo qui ouvre l’esprit. Par ailleurs, énormément de nos patients se disent fatigués; or, le sexe, mine de rien, c’est du sport! Se relâcher, assis au resto ou au théâtre, risque d’entraîner une certaine somnolence. Le mouvement, lui, est plus opportun.»
Des métaphores
Il y a deux ans, la photographe américaine Stephanie Sarley a fait le buzz sur Instagram en publiant des photos et vidéos plus qu’inspirantes de fruits coupés en deux. Elle s’amusait à y glisser un doigt explicite... En marge du message sensuel de ses images, Stephanie Sarley a voulu souligner la diversité de couleurs et de formes du vagin féminin. Puisque le sexe féminin est très peu représenté, beaucoup de femmes se demandent si le leur est «normal». Elles peuvent nourrir des complexes si elles se comparent à ceux exhibés dans les films porno, par exemple, pubis rasés, lèvres pincées... «En 2015, la Société internationale de chirurgie esthétique (ISAPS) recensait plus de 95 000 labioplasties (réduction des grandes lèvres) et plus de 50 000 vaginoplasties (resserrement ou élargissement du vagin) dans le monde. [...] Et c’est sans parler de cette traque aux poils, des déodorants intimes pour sentir bon...», s’affligent Alexandra Hubin et Caroline Michel dans Entre mes lèvres, mon clitoris.*
* Entre mes lèvres, mon clitoris: confidences d’un organe mystérieux, de la sexologue Alexandra Hubin et de la journaliste Caroline Michel (éd. Eyrolles, 2018).
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