Cancer du sein… Et après, l’espoir renaît: le témoignage de Julie
Julie et Liliane ont, chacune à sa manière, apprivoisé le cancer du sein, accepté les questionnements qu’il charrie et adopté une nouvelle philosophie de vie. Pour être vraiment elles. Le témoignage de Julie.
Julie, 33 ans, célibataire. Cancer du sein dépisté en 2011. A choisi de ne pas faire reconstruire son sein.
Pourquoi être devenue une amazone?
Quand j’ai vu l’annonce de la photographe, Florence D'elle, instantanément j’ai pensé: vas-y, ose! Mon objectif: transmettre un message d’espoir. J’ai 33 ans, j’ai eu un cancer, mais la vie continue. Je n’ai pas honte de ça, ni de moi. L’image est belle.
En 2003, j’ai eu un accident. Idem en 2006. En 2009, j’ai connu une rupture difficile et une hospitalisation pour fortes migraines, j’ai cru que j’allais en mourir. Du coup, j’avais l’intuition qu’il allait m’arriver quelque chose en 2012. Quelques mois plus tôt, pendant l’été, j’avais découvert une grosseur anormale sur mon sein gauche que le gynécologue, sans examen complémentaire, avait taxé de fibroadénome bénin, mais je sentais que c’était plus grave que ça. Je faisais une fixation, je voulais absolument qu’on m’enlève cette boule. Le 16 septembre, j’ai obtenu un rendez-vous à Saint-Luc (Bruxelles) pour une ponction. Et le 29, je passais sur la table d’opération.
Peur et culpabilité
Entre-temps il a fallu passer des examens complémentaires. Et surtout, encaisser la nouvelle: il s’agissait bien d’une tumeur cancéreuse agressive. Qu’allait-il m’arriver? J’avais l’impression que ma vie ne tenait qu’à un fil. Je pleurais tout le temps. Je culpabilisais aussi car la société veut, dans ces cas-là, qu’on positive et qu’on se batte... Une amie m’a alors conseillé de me constituer un petit nid douillet, de m’entourer de personnes bienveillantes, et de lire des ouvrages positifs sur le cancer, comme celui de Guy Corneau qui m’a permis de comprendre que c’était normal de m’effondrer. Et que les médecines parallèles (sophrologie, homéopathie, imagerie mentale, auto-hypnose...), comme les massages et la psychothérapie, allaient m’aider à mieux contrôler la douleur et mes peurs.
Toujours bien coiffée
J’angoissais à l’idée de mourir, mais aussi qu’on me mutile. M’enlever un sein aurait été terrible, j’aurais constamment ressenti un manque. Sans parler du regard des autres... Par contre, perdre mes cheveux n’a pas été dramatique: j’ai pris l’initiative de les raser avant qu’ils ne tombent et je me suis offert une chouette perruque. C’était bizarre car comme j’étais toujours bien coiffée, les gens qui ne savaient pas me complimentaient. Et parfois, j’aurais préféré qu’ils réalisent ce que je vivais... D’autres fois, c’était l’inverse: certains me parlaient du cancer de manière tellement anxiogène que j’aurais préféré qu’ils ignorent tout.
Double peine
C’est difficile pour les proches de savoir comment se comporter et nous aider. Les miens ont été formidables. Mon père distant, mais présent. Ma mère, très forte, soutenante. Il y avait toujours une cousine ou une amie pour m’accompagner aux chimios. Seul mon petit ami n’a pas été à la hauteur. Je craignais de le perdre et c’est ce qui est arrivé. Quand il a appris que je souffrais d’un cancer, il s’est éloigné... Il me culpabilisait: à cause de ma maladie, il devait aller à l’hôpital alors qu’il détestait ça. J’ai beaucoup souffert de cette rupture. Je l’ai vécue comme une double punition.
Plus forte aujourd'hui
Aujourd’hui, je suis prête à retomber amoureuse. Je me sens libérée de ce cancer. Je n’éprouve plus de colère, je le vois même un peu comme un cadeau de la vie: il m’a appris beaucoup sur moi, sur l’impact de mes peurs et de celles transmises par mes parents sur ma vie d’adulte. Je me suis rendu compte que malgré les transformations physiques, je restais la même personne pour mon entourage, qui a continué à m’aimer de la même façon. Depuis, je me respecte davantage. J’ose dire non alors qu’avant, j’acceptais tout. Le cancer, je l’ai apprivoisé. Il m’a accompagné un temps, et maintenant, il est reparti. Une nouvelle vie démarre.
Gael vous invite à découvrir la démarche de Florence D’elle et le témoignage de Liliane (52 ans) qui, elle aussi, a participé au projet photographique "Les Amazones".
Témoignages recueillis par Allison Lefevre. Portraits: Florence D'elle. Coordination A.B., Web S.Z.
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